Adil Rami, un cœur de lion

Il fallait renouveler la défense centrale. Un renfort de poids a été choisi en la personne d’Adil Rami, ancien protégé de Rudi Garcia. Au terme de négociations pendant lesquelles Séville n’a rien voulu céder, l’international français s’est engagé pour quatre ans, le transfert étant estimé à six millions d’euros. Portrait. 


Un parcours atypique

Adil Rami n’a pas suivi la voie traditionnelle des footballeurs professionnels. Loin des écrins que sont les centres de formation, il a fait des premières armes à la dure et à l’Étoile Sportive Fréjusienne, au sein du Championnat de France Amateur. Le défenseur d’origine marocaine travaillait même pour la mairie de Fréjus en qualité d’agent municipal, s’occupant notamment des terrains de football.

C’était avant que Lille ne vienne le chercher et l’intègre à son équipe réserve. La suite, on la connaît plus ou moins, en fonction de l’intérêt qu’on porte aux adversaires de l’OM. Entre 2008 et 2011, il a fait partie des tauliers de l’effectif dirigé par Rudi Garcia et des joueurs phares ayant grandement contribué au sacre des Dogues Lillois de 2011.

@Photo by Aitor Alcalde/Getty Images

Après ce parcours en Ligue 1, il a eu des envies d’ailleurs. En Italie d’abord. Il a ainsi porté la tunique des Rossoneri, chère aux tifosi du Milan AC. En Espagne ensuite avec le FC Séville, où il a agrémenté son palmarès d’une victoire en Europa League en 2016. Une compétition qu’il va justement redécouvrir avec l’Olympique de Marseille !

Un statut d’international

Le joueur débarque aujourd’hui à Marseille avec l’étiquette de « soldat » de Rudi Garcia. Un argument de choc au cœur de l’OM Champion’s Project, cher à Franck McCourt et Jacques-Henri Eyraud ! Il vient aussi avec le label d’international, un privilège qu’il peut partager avec Patrice Évra, Dimitri Payet, Steve Mandanda et dernièrement Florian Thauvin.

Henri Michel l’ayant invité à disputer la CAN en 2008, il aurait pu défendre les couleurs du Maroc, mais avait déjà fait son choix. :

« J’avais refusé la sélection marocaine, parce que je ne voulais pas me mettre une barrière éventuelle par rapport à l’équipe de France. J’ai préféré attendre. »

Une patience récompensée deux ans plus tard avec une convocation pour la Coupe du Monde 2010. Raymond Domenech ne lui laisse cependant pas l’occasion de s’exprimer sur le terrain. Frustrant de prime abord, ce statut d’éternel second couteau lui épargne le scandale de Knysna et finalement, son destin rejoint celui de l’équipe de France avec un défenseur de métier, Laurent Blanc.

Et avec l’Euro 2012, il goûte enfin aux joutes internationales. Pour autant, Didier Deschamps reprend les rênes de la sélection et ne lui accorde pas le même statut, même s’il finit par faire appel à lui au dernier moment pour disputer l’Euro 2016 en France. À cette occasion, il délivre d’ailleurs une passe décisive au Vélodrome contre l’Albanie.

Un style porté vers l’avant

Des buts ? Il en inscrit aussi ! En effet, partout où il est passé, Adil a marqué. Y compris en sélection (face à la Norvège en 2010).

Il fait partie de ces défenseurs qui n’ont pas froid aux yeux et osent prendre des risques lorsqu’il le faut. Il « met le pied », joue de son corps, va au combat, et n’hésite pas à monter sur les coups de pied arrêtés pour ajuster un bon ballon de la tête.

Techniquement limité, l’ancien chien de garde de la défense lilloise s’est peu à peu imposé grâce à d’autres atouts, notamment la puissance physique, l’endurance, le jeu de tête et la détermination. Autant de qualités qui lui ont permis de remporter l’Europa League avec le FC Séville en 2016. Rien que ça…

Adil, c’est un guerrier, un mec du genre à « mettre la tête là où d’autres n’osent pas mette le pied ». Un défenseur notamment loué par Maxime Bossis :

« Adil Rami est devenu incontournable, c’est un défenseur très physique, très bon au marquage. »

Aguerri et encore dans la force de l’âge, l’homme est en outre doté d’une sacrée force de caractère, comme peut en attester son parcours hors du commun. En somme, un joueur fiable qui donne toujours tout sur un terrain, même si parfois ça ne suffit pas.

Du moins, c’est ce que certains « spécialistes » concluent souvent à son sujet. À ce propos, une statistique intéressante atteste qu’il a été titularisé à 97 % lors de ses 419 matches professionnels, alors qu’une autre veut qu’il possède le meilleur ratio de ballons récupérés pour un défenseur en équipe de France : 6,2…

Éloquent, n’est-ce pas ?

Un palmarès à enrichir

À trente et un ans, le moment est venu pour lui d’agrémenter son palmarès de quelques titres. Il est encore temps. Et s’il fait face à la concurrence de jeunes défenseurs de qualité au niveau de la sélection, il dispose des qualités et de l’état d’esprit nécessaires pour s’imposer à Marseille, son club de cœur, et embraser le Vélodrome. Un stade qui ne demande que ça.

« Ce que je recherche, c’est justement cette adrénaline, cette pression, j’ai besoin de cela pour avancer. Ça correspond bien avec mon caractère et aux critères que je recherchais. »


Adil vu par sa famille !

Najet Rami, consultante pour le @Phocéen.fr, mais également cousine d’Adil Rami nous livre son sentiment :

« Adil est un guerrier, comme on les aime à Marseille ! Une de ses qualités principales est qu’il ne triche jamais. Il est bon de la tête, costaud dans les duels et il marque même parfois. Je me rappelle d’un but qu’il avait mis au vélodrome et sur le coup, j’avoue que j’étais dégoûtée… Il a beaucoup travaillé tactiquement, notamment son placement défensif, avec Emery puis Sampaoli.

Après, c’est vrai qu’il peut être pris de vitesse défensivement, dans son dos. Mais soyez assuré que s’il commet une erreur, et il en commettra forcément, il donnera tout ce qu’il a pour se rattraper. Il ne supporte pas de perdre, depuis tout-petit il est comme ça ! »

Quand on interroge Najet sur ses futures analyses de match et la difficulté de rester objective avec un membre de sa famille, sa réponse est sans équivoque :

« Avoir un cousin qui joue pour ton club de cœur, c’est forcément un sentiment de fierté. On a tout de même la crainte de voir une personne qu’on aime, être en difficulté et on sait tous que comment les choses peuvent tourner rapidement à Marseille.

Je n’ai aucun doute sur sa capacité d’adaptation, surtout dans un championnat et avec un coach qu’il connaît.

En ce qui me concerne, je n’ai pas ma langue dans ma poche, vous me connaissez, et même si mon frère signait à l’OM, je n’hésiterais pas à le critiquer en cas de mauvais match ! Bien sûr, on a souvent tendance à être plus indulgent avec les joueurs qu’on apprécie, mais je tâcherai de rester objective, soyez tranquille ! »

Si c’est Najet qui le dit, nous sommes rassurés et souhaitons la bienvenue à Adil Rami !

Propos recueillis par Fayçaldinho

« Chérie ça va couper ! »


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A propos de Chris Red


Rédacteur pour le plaisir et passionné de l'OM, je suis également auteur de romans et de nouvelles SF/Fantastique et traducteur novice dans le même domaine.
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