Le mercato touche à sa fin et les rumeurs ont fusé tel le tapis volant d’Aladin. Sanson et Evra ont rejoint les rangs olympiens, Payet se fait attendre et alors que les prophéties journalistiques s’accumulent, Marseille se prépare à recevoir Montpellier vendredi, à l’occasion de la vingt-deuxième journée de championnat. Entre apaisement, tumulte et résultats en dents de scie, chacun espère l’emporter et faire taire les critiques. Pour autant, au-delà du suspense, les enjeux diffèrent.
Du rififi avec Loulou
Ah, notre Loulou national… cquoi donc ?’est un peu l’icône râleuse de La Ligue 1. Tel feu Jean-Pierre Coffe dénonçant la purée en sachet ou Jean-Pierre Mocky s’emportant nerveusement sur un tournage, Louis Nicollin est un personnage qui se fait entendre fort, à n’importe quel moment et généralement dans tous les médias.
Qu’on apprécie ou pas son franc-parler et son langage fleuri, le président du club montpelliérain ne laisse personne indifférent et ceux qui dans le monde du football ont échappé à ses sorties fracassantes se font rares.
Dernièrement ce sont ses joueurs, son entraîneur et ses recruteurs qui ont été les cibles de Loulou la gâchette. Les premiers ont ainsi été affublés du sobriquet de « pipes », tandis que Frédéric Hantz, l’entraîneur des Héraultais a été prié de « faire son boulot » et que toujours selon les punchlines Nicollinesques, « la cellule de recrutement ferait mieux d’aller au cirque Pinder ».
On remarquera, au passage, que comparer son équipe de football à une série d’objets servant à consumer du tabac est mauvais pour la santé (toute autre plante étant prohibée par ailleurs).
Bref, toutes les sections du club en ont pris pour leur grade. Et pour quel résultat ?
Loulou ? Oui, c’est moi…
Davantage que la teneur parfois comique des propos du patron du MHSC, c’est bien l’animosité qui prévaut et l’ambiance au sein du vestiaire pailladin devient de plus en plus délétère. Du reste, comment sont censés réagir des joueurs fréquemment dévalorisés ? Quel intérêt aurait l’entraîneur à réaliser une bonne fin de saison sachant qu’il quittera ses fonctions en juin suite aux déclarations de son président ?
Si ce dernier espérait sans doute piquer ses collaborateurs au vif, suite à une cuisante élimination en Coupe de France face à l’OL (5-0), cette situation risque surtout de plomber la combativité et la motivation du groupe. Or, Montpellier n’avait certainement pas besoin de ça tant l’équipe accuse un déficit de régularité depuis le début de la saison…
À cela s’ajoute une récente défaite à Metz clôturant un bilan très négatif à l’issue de vingt et une rencontres de L1 : cinq victoires, huit nuls et huit défaites !
Dès lors, quelques coups d’éclat victorieux contre Marseille, Paris et Bordeaux ne suffisent plus à masquer les carences d’un effectif arc-bouté à une poignée de bons joueurs (Boudebouz, Mounié, Ninga, Roussillon). Pour Montpellier, un énième revers à Marseille aurait des conséquences fâcheuses et figerait une dynamique néfaste à l’heure où le club stagne au treizième rang.
Avec cette agitation en coulisses et autant de difficultés dans le jeu, on imagine mal les Héraultais venir faire un résultat au Vélodrome. Certes, mais c’est oublier un peu vite le score du match aller (3-1 pour Montpellier), et les performances catastrophiques de l’arrière-garde olympienne.
Défense d’en rire…
Côté phocéen, si la fin 2016 a laissé entrevoir de belles promesses, le début d’année 2017 remet en lumière l’insuffisance technique d’un effectif classé septième. Si Morgan Sanson a récemment changé de maillot pour renforcer l’écurie bleu ciel dans l’entrejeu, c’est surtout en défense que le chantier est titanesque.
Pour preuve, l’OM a encaissé sept buts lors des deux dernières rencontres de Ligue 1. D’où l’urgence de recruter des joueurs capables d’enrichir le groupe dans un secteur de jeu véritablement défaillant. Le vieillissant Fanni, l’irrégulier Rolando et le fantôme du latéral gauche donnent des sueurs froides à tous les supporteurs marseillais. En conséquence, la sécurité sociale enregistre une forte hausse des consultations cardiologiques tandis que l’OM connaît un effondrement de sa différence de buts…
Conscients de ces carences, les dirigeants olympiens viennent d’enregistrer le renfort de Patrice Evra. Un joueur expérimenté, mais aussi âgé que votre serviteur… c’est dire !
L’homme a toujours eu ses détracteurs, mais son tempérament de leader peut s’avérer très utile dans une équipe cruellement en manque d’éléments charismatiques et de relais pour l’entraîneur. Dans le jeu, on verra bien ce qu’il peut apporter, même s’il n’a rien à craindre de la concurrence de Dória ou Rekik…
On songe malgré tout à un précédent avec Lizarazu dont la venue avait suscité un espoir bien vite déçu.
En attaque, il serait également judicieux de mettre fin à la solitude de Gomis pour compléter l’équipe. Un comparse lui tenant compagnie entre deux signalements de hors-jeu constitue d’ailleurs plus qu’une nécessité : c’est un impératif ! En effet, en cas de blessure ou de suspension, l’OM perdrait le peu d’efficacité offensive que le groupe a réussi à construire sous la férule de Rudi Garcia et manquerait probablement les « petites » places européennes.
De plus, avec l’arrivée attendue de Dimitri Payet, l’équipe retrouverait naturellement un équilibre entre les lignes et s’assurerait des résultats plus satisfaisants et plus réguliers contre les grosses écuries de Ligue 1.
Néanmoins, il semble évident que les nouveaux dirigeants travaillent sérieusement et en collaboration avec le staff. De fait, le choix des joueurs à acheter semble enfin raisonné et les différentes opérations réalisées sans précipitation ni esbroufe.
Cela prend beaucoup de temps, mais gardons à l’esprit qu’il s’agit du mercato hivernal et que toutes les pistes ne sont pas encore exploitables.
D’autre part, le projet du club vise le long terme et nécessite un certain délai de mise en œuvre. Les pierres de l’édifice se posent au fur et à mesure et les supporteurs doivent comprendre que les résultats viendront en temps et en heure.
Horizons lointains
La première étape de cette reconquête de titres s’incarne dans la volonté d’intégrer rapidement dans l’effectif une vedette telle que Payet. Cela prouve bien que l’OM a enfin les moyens de ses ambitions et que justement, les ambitions sont de retour !
Partant, soyons patients et commençons par battre un Montpellier sérieusement malade pour continuer à croire à une qualification européenne. Même s’il reste limité, l’effectif est en effet capable de viser la cinquième place du championnat grâce au travail de Rudi Garcia et aux dernières arrivées.
Les efforts vont finir par payer et à l’exception de Paris (et encore !), toutes les équipes que Marseille doit affronter d’ici la fin du championnat sont à sa portée.
ALLEZ L’OM !