ASM-OM : tenue correcte exigée

Avec l’arrivée de Franck McCourt et, à terme, la perspective d’un OM haut de gamme, on espère bientôt pouvoir revivre les belles batailles de la grande époque face à Monaco. Ah, la course à l’Europe, aux coupes, aux titres… En attendant, lors de la quatorzième journée, c’est à une délicate partie de poker que devront se livrer les Olympiens en terre monégasque. Alors, on bluffe ou on se couche ?

Les maîtres du jeu

Adeptes de styles différents, les entraîneurs des deux formations possèdent des compétences tactiques reconnues de tous les observateurs. Ils n’ont pas les mêmes atouts dans leurs mains, cependant chacun sait mener son propre jeu pour remporter la mise.

Léonardo Jardim

Avec un tel prénom, on est en droit de se demander si ses parents étaient fans du génie italien ou plus prosaïquement, des Tortues Ninja.

Mystère.

Toujours est-il que le technicien portugais n’est pas un grand communicant, malgré des efforts louables pour s’exprimer dans un français correct face à des journalistes qui ne maîtrisent toujours pas la langue de Luís de Camões…

Si cette apparente discrétion lui confère l’image publique d’un homme réfléchi qui calcule beaucoup et possède une science du football très aboutie, son travail en atteste. En effet, nonobstant des effectifs presque intégralement remaniés à chaque intersaison, Jardim utilise ses jetons avec brio et mène systématiquement l’ASM en haut de tableau.

Une performance régulièrement saluée par les médias, même si son manque d’ambition offensive la saison passée lui a valu quelques critiques amplifiées par l’absence de spectacle et la perte de la seconde place au profit de Lyon.

La force de Jardim est d’avoir su garder le cap en tirant le meilleur de son groupe de mercenaires.

Cette saison, la donne a changé. Monaco joue, marque, prend des buts et des points. Jardim prend aussi des risques, mais ils sont calculés. Les défaites contre Nice et Toulouse sont les uniques fausses notes du maestro. À sa décharge, beaucoup d’équipes n’arrivent pas à appréhender ni à maîtriser la fougue des Aiglons. Au reste, Monaco n’a-t-il pas vaincu l’ogre PSG, supposé imbattable ?

Sur le terrain, ces revers et triomphes n’ont, en outre, jamais affecté le mental des troupes monégasques, victorieuses sur les pelouses de L1 comme en Champion’s League. Alors, gare à ce tacticien de l’ombre aussi introverti que redoutable !

Sergent Rudi

L’ennemi juré de Zorro avait donc un fils !

Il a préféré suivre une voie différente de celle de son considérable papounet, sachant qu’il est moins pénible de faire combattre des joueurs contre d’autres joueurs que d’affronter indéfiniment, et sans succès, un héros masqué à cheval…

Orphelins de Marcelo Bielsa ou de Didier Deschamps, les fans de l’OM sont heureux de retrouver sur le banc de leur club chéri un entraîneur chevronné, porteur d’une philosophie de jeu propice au spectacle, partisan de la rigueur en tout point et fidèle à des principes tactiques cohérents.

Il était temps !

Intégrer dans le onze titulaire, le jeune Maxime Lopez et le vétéran Rolando – inexplicablement banni du groupe – est d’ailleurs signe que l’homme connaît son affaire tandis que Frank Passi avançait à tâtons sans jamais convaincre du bien-fondé de ses choix…

Par ailleurs, et même s’il ne restera pas dans les mémoires, le « coup du Parc », était culotté. Dans l’absolu, c’est moche, mais ça rapporte un point et ça redonne confiance à une équipe en manque de repères.

Cela étant, face à Monaco, Garcia devrait tenter un jeu plus offensif, car l’escouade monégasque encaisse beaucoup de buts (10e défense du championnat). Pour réussir son coup, l’OM devra donc garder la main, surenchérir et abattre son jeu à bon escient !

Rois contre valets ?

À Monaco tous les joueurs sont capables de marquer et ils ne s’en privent pas ! On dénombre ainsi treize  buteurs différents depuis le début de saison et cela concerne tous les secteurs de jeu… Belle homogénéité ! Même leur participation à la Ligue des Champions ne semble pas être un handicap tant les solutions de turn-over sont légion.

Pour preuve, juste avant la trève internationale, l’ASM faisait tapis à Nancy le samedi en début de soirée (6 buts à 0), alors que l’équipe venait de recevoir et vaincre le CSK Moscou en Ligue Des Champions le mercredi précédent (3-0) .
Pendant ce temps là, l’OM,  sevré d’Europe, explosait à Montpellier avec une défense complètement dépassée (3-1)… Ainsi, côté phocéen, la complexité du problème est à l’image d’un climat montagnard : tantôt calme et serein, tantôt brutalement orageux… Une tare en bordure de Méditerranée !

Défensivement, l’OM est aussi athlétique que perméable. Au milieu, il y a de bons éléments, néanmoins souvent incapables de servir correctement une attaque trop dépendante de son meilleur atout. Par conséquent, tous les espoirs reposent sur les épaules du jeune et talentueux Lopez, seul à même de faire rugir la panthère (Bafétimbi Gomis), et accessoirement, ses supporters.

En dépit de quelques résultats flatteurs, cette faiblesse globale ne permet pas d’espérer autre chose qu’une longue saison de transition. Et à bien y regarder, une telle différence de régularité et surtout d’efficacité rend la partie difficile…

Pour autant, même si Garcia a peu de jokers en main, les jouer intelligemment est toujours possible et serait fort bienvenu : l’OM a déjà un sérieux déficit de points à combler au plus vite !

Alors les bandits manchots, on se prend en main et on détrousse le croupier ?

Ambiance casino

Suite au débarquement américain en Provence, force est de constater que le l’effet McCourt a surtout eu lieu dans les travées du Vélodrome. L’amer hic, c’est que sur le terrain on va devoir patienter pour vibrer…

Si les supporters ne sont pas bloqués par les gardes-frontières du paradis fiscal (footballistique pardon), l’ambiance devrait être plutôt bonne. Au demeurant, ce serait l’occasion de réveiller les habitants du Rocher avant le grand prix de F1.

Si ça pouvait aussi réveiller des joueurs marseillais endormis par le fameux – et obscur – collaborateur de Passi*  ce serait formidable !

* Leur avait-il au moins indiqué que le fait de dormir était déconseillé pendant les entraînements et les matchs ?

Faites vos jeux, rien ne va plus !

Tout d’abord parlons chiffres.

Monaco totalise 29 points en 13 matchs pour 39 buts marqués (je vous laisse calculer la moyenne de buts marqués par match : sortez un stylo, une feuille blanche, vous avez quatre minutes).

C’est tout simplement la meilleure moyenne des grands championnats européens ! Bon, on parle de Ligue 1, évidemment, mais tout de même même, c’est un signe. Grâce à cette excellente différence de buts, les asémistes sont donc seconds du championnat a égalité de points avec Paris (3e).

En contrepartie, l’équipe de Jardim a quand même encaissé quinze buts depuis le début l’exercice. La défense n’est donc pas infaillible, à nous d’en profiter…

De son côté, Marseille possède 17 points grâce à quatre victoires ( soit cinq de moins que l’adversaire du jour) pour cinq buteurs différents… Treize matchs, autant de buts marqués et de buts encaissés, on peut considérer qu’il s’agit d’un bilan nul (ou neutre), compte tenu de la qualité moyenne d’un effectif pointant logiquement au onzième rang.

Heureusement le foot reste un jeu et surtout, un sport. Ce n’est donc pas une science exacte et des facteurs aléatoires multiples entrent en ligne de compte (offshores ?) : forme et fatigue des joueurs, envie, chance, arbitrage, climat, pelouse, blessures éventuelles, psychologie, présence d’un prince, influence lunaire, insectes piqueurs préférant une couleur de maillot à une autre, passage d’OVNI, apparition de la dame blanche (non pas Margarita !), épidémie virale, etc.

L’infini des possibilités ne nous permet pas de détailler la liste exhaustive. Croire en une victoire n’est donc pas plus stupide que croire en d’autres entités bien plus mystiques* !

* « Raël si tu me lis, on en reparle dimanche au séminaire et cette fois je te paierai en cash t’inquiète pas, et oui je te présenterai ma femme comme promis, allez je te laisse, j’ai pas trop le droit d’utiliser cet espace pour des affaires privées… »

Allez les gars, on active la machine à sous et on repart avec le jackpot s’il vous plaît ! Marre de se faire dépouiller ! On va finir par être interdits de jeux à force, et puis à repartir à poil en cette saison, c’est risquer la grippe ou la gastro !

Bref, comme disent les fans anglophones  : GO OM !*

* gare à la prononciation et à l’orthographe

Écrit par Guib