Après une ouverture ratée, l’OM a l’occasion de remporter sa première victoire face à une équipe mieux partie qu’elle, mais qui n’a pas particulièrement impressionné. À l’OM, c’est aussi l’occasion de tourner la page d’une année pleine d’émotions et d’une semaine très mouvementée.
L’OM fait la une
Depuis une semaine, l’OM fait la une de l’actualité. Mais pas pour la première déception de la saison, une défaite inaugurale à domicile contre une médiocre équipe de Caen, défaite qui n’a pas été sans rappeler de nombreux matchs de la saison dernière : un OM dominateur dans le jeu, se créant des occasions et les vendangeant avec application ; un adversaire au réalisme maximal. Un OM perfectible dans son organisation et inconstant dans son implication (première demi-heure apathique et fin de match décevante, la sortie de Lemina ayant nui à la mise en place offensive). Un match d’où l’on pouvait retirer de l’espoir pour la suite, comme de l’irritation de retrouver des approximations déjà vues et la déception d’avoir raté le car pour Caen.
Cette défaite a toutefois quitté l’actualité quelques minutes après le coup de sifflet final, quand Marcelo Bielsa a annoncé sa démission à la surprise générale, enfin, générale… disons à la surprise des supporteurs. Dans la presse, sur le forum d’OMlive et sur le site, cette démission a évidemment été au centre des échanges. Ceux-ci ont été vifs et ont mis en évidence le caractère extrêmement clivant du personnage Bielsa. Maintenant, le sport doit reprendre ses droits.
En d’autres termes, sortons Caran d’Ache de la tombe. Comme lors de ce digne dîner de famille, tâchons de ne pas évoquer le sujet qui fâche.
Champagne
Après Caen, l’OM ne part ni à Sète, ni à Troyes, mais à Reims, où l’on espère que faute sans doute de football champagne, l’OM y glanera ses premiers points. Le stade de Reims, glorieux club has been du football français, a mieux commencé sa saison, puisqu’il l’a emporté à Bordeaux. Gagner sur les bords de la Garonne n’est pas forcément un exploit séculaire, il peut suffire, par exemple, de ne pas se faire enfler d’un penalty. Il n’en reste pas moins que, menée au score, l’équipe est revenue au score grâce à une bonne fin de match et l’a finalement emporté face à une équipe bordelaise lymphatique et un Carrasso pas très inspiré.
Interrogé sur le site du club, Antoine Devaux s’est exprimé sur la préparation du match de dimanche :
« Je ne vais pas être très original, mais il y a beaucoup de rigueur défensive. Ça a été l’une des bases de la préparation. On a pris énormément de buts l’année dernière. Ça a été un miracle de s’être sauvé avec la plus mauvaise défense. »
Il aurait pu ajouter que l’an dernier, Reims est l’équipe qui comptait le plus de défaites à s’être sauvée. Tiens, mais, au fait, un Reims-OM avec une défense rémoise assez moyenne et une attaque olympienne parfaitement huilée, ça ne vous rappelle rien ?
Pardon, on avait dit qu’on ne parlait pas du passé. Revenons donc au présent.
L’heure de Passi
Comme souvent en cas de départ inopiné de l’entraîneur, l’adjoint est appelé à régner. Araignée ! quel drôle de nom pour un entraîneur. Pourquoi pas libellule ou papillon ? Si Jacques Prévert n’a pas pris la direction de la communication à l’OM, Passi, lui, a bien commencé à tisser sa toile.
« On n’a pas fait les séances d’entraînement qu’on faisait avec Marcelo Bielsa. On en a fait moins, en étant davantage dans le global et dans l’intensité » annonce-t-il en début de conférence de presse. Les joueurs seraient ravis. Sans doute sont-ils éprouvés par la préparation physique. Ainsi, pas de répétitions interminables d’exercices de pressing et de placement qui donnaient, quand ça marchait, de la verticalité, de la rapidité et de la précision au jeu marseillais.
« Pas question [non plus] d’adapter systématiquement le système à l’adversaire du jour et pas de marquage « à outrance ». [D’ailleurs,] dans la forme de jeu qu’on avait, certains ne se sentaient pas à l’aise. » Les certains ayant un peu de mal à assimiler les changements tactiques et les subtilités du marquage individuel se seront peut-être reconnus… Toutefois, Passi n’a pas précisé qui occuperait le poste de latéral droit.
Passi ajoute bien sûr avoir beaucoup appris au contact de l’entraîneur précédent, mais il ajoute qu’il ne vient pas de nulle part et qu’il connaît très bien la L1. Lui. Il n’en faut pas davantage à quelques supporteurs pressés – cela existe, même à Marseille, où l’on a l’habitude de rendre des jugements pondérés et longuement mûris – pour crier au retour des tennis-ballons et du Club Med à la Commanderie. On attendra plutôt de voir. Au moins par principe.
Le bateau ivre
De fait, les supporteurs de l’OM sont sceptiques. Le traumatisme du week-end dernier n’est pas encore digéré. Ils ont quelque peu l’impression de supporter un club géré comme le bateau ivre de Rimbaud, dans lequel certaines interprétations récentes voient entre autres une mimésis du délire sous l’emprise de l’alcool et du haschich (S. Murphy), ce qui ne peut bien sûr rappeler personne dans l’organigramme de l’OM. À moins que la maîtresse de maison ne soit nullement ivre, elle, et qu’elle mène son bateau d’une main de fer et manipulatrice. En tout cas, on espère bien que cette métaphore ne nous viendra pas à l’esprit en regardant le match demain. Allez l’OM.
Ils en ont parlé
Comme dans le double dessin de Caran d’Ache, on en a quand même un peu parlé… Toutefois, c’est l’une des vertus du soliloque d’être rarement conflictuel. Bon, c’est promis, c’est la dernière fois, à moins que, comme aimait à répéter Charles Pasqua, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient »…
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !
Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !
Arthur Rimbaud